01/05/2013

New Pop maintenant

La radicalité du postpunk et sa théorisation par les musiciens eux-mêmes permettent aisément de transposer leurs démarches ; mais cela s'avère plus subtil dans le cadre de la new pop du fait de son rapport à l'artifice. Quels courants musicaux contemporains présentent une démarche analogue ? Où se trouve la forme actuelle d'un poptimisme tel que celui qui animait les activistes de la new pop ?


Dans son article Make It New (avril 2009), Ciarán Gaynor se penche sur la surenchère de tubes de La Roux, Hot Chip, Empire Of The Sun ou encore Bat For Lashes qui semblent avoir choisi l'explosion new pop comme modèle pour une pop visionnaire et somptueuse. Pour lui, il s'agit d'un retour aux ambitions d'Eurythmics, ABC, Duran Duran, Associates, Simple Minds et aux productions onéreuses de Trevor Horn. Il ne manquerait plus à cette scène qu'un album si parfaitement réalisé et révolutionnaire qu'il laisserait le reste de la pop dans son ombre et l'émulation de la nouveauté technologique qui fit sonner le début 80 extraordinaire à jour .


Pourtant l'esprit de la new pop (une conséquence du rockisme qui impliqua de travailler la pop de l'intérieur, dixit Simon Reynolds) ne peut être qu'un simple retour au tape-à-l'œil de la pop des années 80 en réponse à la « décharge indie » et à la récession suite à la crise financière.

Dans Gangnam Style & How The World Woke Up To The Genius Of K-Pop (décembre 2012), Robert Barry soutient que la Corée du Sud produit une partie de la musique actuelle la plus novatrice. La k-pop présenterait comme caractéristique prédominante une hybridité participant à une forme d'écrasement transnational des genres contemporains, se référant fréquemment aux styles occidentaux les plus futuristes depuis la dernière décennie (de la french house à l'aquacrunk). Barry s'enthousiasme sur l'ingéniosité de la construction mélodique, la sophistication de la programmation et l'inventivité rythmique de morceaux à côté desquels la pop anglophone récente sonne préhistorique.


Mais il y a tout de même ici une différence majeure avec la new pop, qui fut en grande partie portée par de vrais groupes autonomes, plutôt que des bands construits de toute pièce par des managers d'une maison de disques.

La piste la plus intéressant fut proposée par John Calvert à propos de Gorillaz, dans sa revue de leur collection de singles (décembre 2011). Il suggère que le projet virtuel de Damon Albarn et Jamie Hewlett est une réactivation des idées et pratique d'une metapop dont les racines sont Art Of Noise, Japan et les Talking Heads (Reynolds y ajoute M et les Buggles). Avant même l'explosion de 2001, leur premier tube avait déjà délogé la mentalité indé de sa romance avec les 60s, ses notions d'authenticité, son arrogance et son hégémonie. En poussant plus loin des concepts issus de la culture hip hop et japonaise, ils furent précurseurs de la course folle à l'hybridation à forte conscience pop de la dernière décennie.

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