29/03/2024

1984, piquet de grêve

L'année de la fin de l'after-punk ?

 

C'est cette année-là que choisit Simon Reynolds pour achever son histoire du postpunk et de la new pop (Rip It Up and Start Again, 2005) notamment pour une raison : jamais les tendances rétro de la culture indépendante n'avaient autant pris le pas sur les élans futuristes.

Dès l'année précédente, les pionniers de la new pop s'étaient fait supplanter par des opportunistes s’en appropriant les éléments superficiels tape-à-l'œil. Les frondeurs se firent rares, forgeant tout de même une dance-pop de haute facture, inspirés par les nouvelles productions de l'electro et du post-disco. Là où d'autres réduisirent la new pop à un mouvement réformiste en produisant une pop actualisée, édifiante et surtout, adulte.

 

La new pop avait sombré dans une décadence et clairement établi la nouvelle aristocratie pop. Comme si le punk n'avait jamais eu lieu, pour paraphraser Dave Rimmer en 1985

19/01/2024

1979, l'hiver du mécontentement, 2

2024 marque le quarante-cinquième anniversaire de l'acmé du postpunk. Mais n'oublions pas que la new wave, et ses tubes imparables, était alors omniprésente.

Mettons donc de côté le postpunk arty et austère. Nombreux artistes ayant commencé avant/avec l'explosion punk et qui constituèrent la nouvelle vague cueillirent cette année-là le fruit de leur effort ou simplement bénéficièrent de l'air du temps.

Pourtant, passés une poignée de têtes d'affiche à la longue carrière protéiforme, pour ce côté de la Manche, il s'agit quasi exclusivement d'une périphérie avec des formations secondaires ou dispensables. La littérature francophone ne les évoquant qu'en fin de chapitre, parmi les inclassables ou autres ovnis musicaux.



08/01/2024

Hommes de l'après-punk

Après avoir abordé le sujet avec les dits angry young men, poursuivons sur les expressions masculines dans l’après-punk, comme précédemment avec les féminines.

Rassemblons ici quelques idées sur différentes catégories d’hommes de la new wave, new pop et du new romantism.

Dans le sillage du punk, subsistent plusieurs figures de rébellion masculine du rock, qui s'étaient déjà mis en scène en opposition au féminin :

    • le misogyne bileux et violent

    • le soldat et ses frères d'armes

    • le nerd avec des ambitions artistiques

  • le poète romantique et junkie

Le post-modernisme appelant à la parodie, l'aliénation  fut surjouée via des personnages cliniques allant du psychopathe au technocrate, cassant l'utopie contre-culturelle pop.

Plusieurs dandys élégants avec un penchant pour le glam et le théâtre de revue présentèrent de de nouvelles images de la masculinité faite de pose et de narcissisme. Voici quelques stratégies :
  • mythification avec des archétypes héroïques d'un autre temps
  • déshumanisation froide par des extraterrestres ou des machines androgynes

  • ascension sociale de playboys plein d'assurance

  • brouillage des genres avec une saturation cosmétique 

  • sortie du placard avec de la provocation camp

  

Ces étranges explorations ne durèrent que quelques années. Et leurs questionnements des rôles ou des représentions conventionnelles du genre masculin seulement effleurés dans le cadre de performance divertissante.

Sources / pour aller plus loin :

Simon Reynolds & Joy Press, Sex revolts (1996)
Simon Reynolds, Rip It Up and Start Again (2005)
Brian Peters, Androgyny, Masculinities and the Re-Gendered Aesthetics of the New Wave (2016)
Sharon Becker, I'm the Man: How New Wave Music Created New Waves of Masculinity (2019)