Reformulons la recherche d'un courant musical contemporain présentant une démarche analogue à la new pop. Partir du poptimisme ne fut précédemment pas très convainquant.
Comme l'avait écrit Simon Reynolds, le mouvement new pop impliquait une tentative conscience et courangeuse de combler la séparation entre la pop « progressive » et la pop de masse / des charts, un fossé entre
les classes moyenne et ouvrière. Pensons alors à ces moments où l'underground rejoint l'overground, où la musique la plus intéressante mêle musicalité et une attaque sur l'auditeur.
Viens alors l'hyperpop, un microgenre qui émergé au milieu des années 2010, mettant en scène une pop maximaliste, énergique et post-ironique. Des éléments d'EDM, de trance, d'eurodance, de nightcore et même d'emo rock, filtrés au travers du prisme de la trap, de la bedroom pop et de la vaporwave, pour créer un son unique distinct du mainstream. Et qui ne repose pas sur un valeur nostalgique.
La tendance caractérise la manière post-géographique dont les genres se forment à l'ère d'Internet et des médias sociaux : sans frontières physiques ou sonores, hypertrophiée, saturée d'information et à l'esthétique mondialisée.
A l'origine, il y avait le label anglais PC Music fondé en 2013, avec des musiciens unis par une attitude qui consiste à ne pas différencier musique savante et musique populaire.
Simon Reynolds, dans Like a Glucose Overdose (2021), émet l’hypothèse que le véritable successeur de la stratégie oblique d'infiltration par simulation de Scritti Politti, pourrait bien être PC Music et l'hyperpop qui a suivi. Renonçant aux stratégies underground conventionnelles comme le bruit et la dissonance, l'hyperpop reconnaît que la pure beauté mélodique de la musique commerciale peut contenir son propre type
d'excès et d'extrémisme.
A.G. Cook cite même directement Cupid & Psyche 85 pour sa décision consciente de prendre la musique pop et de la rendre aussi brillante et détaillée que possible.
A l'instar de la new pop en son temps, avec les synthétiseurs et les boites-à-rythmes, l'hyperpop embrasse
les possibilités offertes par la technologie et la démocratisation des
logiciels de création musicale, en poussant les curseurs à fond.
Artificielle
et trafiquée, cette « pop du futur » innove sur le plan musical mais aussi
sur celui de l'identité. Cela évidemment renvoie aux gender benders du début des années 80 (Boy George, Marilyn, Annie Lennox, Pete Burns), ainsi qu'à Trevor Horn, ses thèmes
provocateurs et l'esthétisme camp de Frankie Goes to Hollywood et Art of
Noise.
Rapidement « hyperpop » est devenu une sorte de terme générique pour désigner la pop électronique rapide et expérimentale. Puis le descripteur a évolué pour devenir un terme pour un macro-genre si amorphe qu'il est parfois dénué de sens.