Revenons aux racines du postpunk, mais du côté des musiques étrangères à l'industrie culturelle.
Depuis son Xenomania: Nothing is Foreign in an Internet Age (2011), Simon Reynolds a travaillé le concept de « xénomania » à propos du nouvel exotisme et désir des hipsters de l'ère Internet pour toutes choses post-géographiquement éloignées.
Bien évidemment, comme le journaliste le précisera par la suite, cet appétit pour l'étranger est loin d'être un phénomène récent. Dans les années 1970, la xénomania n'était pas rare chez de futures forces motrices postpunk : This Heat, David Toop, Jah Wobble, Malcolm McLaren ; ou encore David Byrne, Arto Lindsay et Mark Cunningham.
Matériellement, ce boom exotique fut permis par des labels spécialisés en ethnomusicologie comme Folkways, Lyrichord, Nonesuch, Ocora et la collection de l’UNESCO.
Rapporté dans Tales of Toopographic oceans (2012), David Toop déplore que la territorialisation équivaut en matière de musique à un « tribalisme du goût » (purisme, patriotisme du genre, etc) ; l'exotisme étant alors une stratégie pour s’échapper de la vie-monde familière, vers l'altérité.
Ce fut le cas à l'ère post-punk où nombreux musiciens adoptèrent des rythmes, des mélodies et des textures instrumentales issus de ce qui sera plus tard tristement étiqueté « world music ».
Sur plusieurs décennies, l'exotica a depuis montré que les différents formes d'exotismes étaient un revers de l'impérialisme : extraire des musiques oubliées ou libres, avant de les reconditionner pour des publics occidentaux.
De nos jours où Internet semble être moins un espace dédiée à une communication propre et parfaitement opérationnelle (cyberspace) qu'une décharge saturée et encombrée (junkspace), la xénomania contemporaine semble être une réponse à la surabondance de stimuli nouveaux se déversant dans les patries colonisatrices.
Et non plus une source de modernisme.
Sources / pour aller plus loin :
Simon Reynolds, Pure fusion: multiculture versus monoculture (2000)
Robin James, Though on "Xenomania" or Orientialism 2.0 (2011)
Simon Reynolds, Futuromania (2024)