15/02/2021

Punkement funky

Cette note évoque la partie funky et dansante du postpunk, en vue de la sortie prochaine de la compilation Shake The Foundations: Militant Funk & The Post-Punk Dancefloor 1978-1984, chez Cherry Red.


Dès 1978, l'idée d'une musique dansante mais subversive, « perverted disco », « avant-funk » commença à circuler dans les cercles postpunk. En plus d'avoir intégré les leçons du reggae roots et du dub de l'époque, nombreux groupes profitèrent des apports formels de Sly Stone et de James Brown. Dès lors tous les instruments se mirent alors à remplir chacun une fonction rythmique.






« Le funk postmoderne qui combine les superbes rythmées de danse du début des seventies... avec l'agressivité et le côté explosif de 1976 » dixit Tony Wilson.

« Funk flesh + Punk attitude » fut donc le fantasme de l'époque. Mais le funk y fut remotivé par un remplacement de son extraversion par des préoccupation art rock. Cela donna naissance à une musique de danse difficile, plus adaptée à la contemplation cérébrale dans une chambre qu’à la frénésie des dancefloors. Pour Simon Frith, il s'agissait toujours de la mentalité rock progressif, mais appliquée au rythme, par opposition à la mélodie et à l’harmonie.

Cette avant-garde anti-rockiste ne voulaient pas copier la dance music noire avec déférence, mais la faire muter, la tordre vers quelque chose que plus tendu, aliéné et en lutte.






En 1981-82, le mot à la mode fut évidemment « funk ». Cependant, en 1983, la notion d'avant-funk ou de punk-funk était à bout de souffle et s’était enfermée dans ses propres clichés : trompette sous-Miles entendue au travers d'une production brumeuse, basse névrotique, voix sinistres, références à Ballard et Burroughs.

C'est pourquoi la phase suivante du postpunk embrassa l'electro, le synthfunk et leurs technologies en infiltrant que très peu leur doute ou crainte dans le mix via les paroles et l’approche vocale, mais sans vraiment en altérer radicalement la musique.

L'idée d'avant-funk resurgit de façon imprévue à Chicago, une demi-décennie après sa disparition, puis lorsque la rave passa au hardcore puis à la jungle.


Rappelons qu'il s'agit de la partie du postpunk qui avait le plus séduit l'indie lors du gros revival des noughties, probablement par son échec à être proprement funky.


Sources :

Simon  Reynolds, End of the Track (1987), Dancing on the Edge (2001), Rip It Up & Start Again (2005) + The Footnotes
Joseph Ghosn, le funk libère le punk, à travers la no wave et le punk-funk (2004)

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