17/11/2025

Historiquement vague

Note sur le lien dynamique entre le punk, la new wave et le postpunk.

« Le punk avait tout cassé. Il a fallu repartir de zéro et reconstruire dans tous les sens, dans toutes les directions. C'est pour cela que la new wave a aussi bien donné Joy Division que les Nouveaux Romantiques. Il y avait une autorisation à tout faire, chaque jour un nouveau mouvement, un nouveau groupe émergeait. »
JD Beauvallet, qui se présente comme un spécialiste par procuration, en seconde main, de la new wave anglaise, accuse ici d'une vision statique très rependue où les musiques apparaitraient spontanément.

Remettons les pieds sur terre pour présenter un développement historique un peu plus tangible de l'après-punk britannique de la fin des années 70.

En y regardant de plus près, les musiciens et le public du punk étaient nettement hétérogènes, et les significations et les frontières du punk étaient continuellement reconstruites et franchies par les différentes pratiques. La tension entre les conceptions « punk comme musique pop » et « punk comme force de changement », les débats art vs commerce, individualisme vs communautarisme créèrent des contradictions. Ainsi, après avoir uni brièvement un tableau hétéroclite de mécontents, le punk ne pouvait nécessairement que se disperser à travers une gamme de styles nourrissant des versions concurrentes du phénomène et des visions alternatives sur les directions à prendre. Et pas n'importe lesquelles.

Dans Are We Not New Wave? Modern Pop at the Turn of the 1980s (2011), Theo Cateforis présente une schématisation des trois principaux mouvements dans le sillage de l'effondrement du punk en 1978 :
  • une première faction qui conservait son énergie, son intelligence et son humour, mais en faisant des concessions prudentes en matière d'accessibilité (thématiques plus subtiles, arrangements plus propres, mélodies, dansabilité) : la new wave.

  • une seconde faction qui décidait de dépasser les objectifs critiques du punk, en extirpant les éléments résiduellement conservateurs et rockistes, en expérimentant de nouveaux genres, formats et technologies : le postpunk.

  • une troisième faction qui redoublait la promesse initiale du punk, rendant sa forme rock plus dure, rapide et puriste: le real punk, id est la deuxième vague.


Aucunes d'elles ne sortirent ex nihilo des cendres du punk, mais étaient, au contraire, connectées à la riche histoire des musiques populaires enregistrées, et continuèrent leurs développements et ramifications jusque dans les années 80.

Terminons avec l'indispensable Urgh! A Music War (Derek Burbidge, 1981) et ses captations sur scène d'une bonne trentaine de groupes, témoins de l'après-punk du début des années 80, juste avant l'arrivée du new pop et du goth.
 
 
 
Sources / pour aller plus loin
 

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