14/07/2016

H.I.P.H.O.P.

Note sur les échanges entre les débuts de hip hop et l'après-punk.


New York dans les 70’s avait été en pleine ébullition musicale, et deux genres aussi contraires que complémentaires s'y épanouirent : le disco et le punk.

A l'instar du punk, les origines du hip hop relèvent d'une éthique DIY. Cette posture d'autosuffisance a toujours vécu dans cette street culture : angoisse contestataire, hostilité contre le système, recherche d’indépendance, et pour la plupart, agression contre le consumérisme de masse.

Dès la première vague de break music, les MCs choisirent d'aborder les thèmes de la dislocation sociale et du racisme institutionnel.


Par la suite, le rap emprunta progressivement la voie du réalisme social et de la chronique du ghetto.


Même si ses racines sont en partie caribéennes, le hip hop est une évolution des musiques afro-américaines, lesquelles demeurent la source première des beats, samples ou simplement de l'inspiration. Les productions des DJs partageaient avec le postpunk de nombreuses influences fondamentales, l'ouverture par le métissage et une approche horizontale de la culture. Musicalement, cette parenté se retrouvent dans l’accent lourd sur le dub de la section rythmique, ou encore dans la mise en œuvre de synthétiseurs et l'échantillonnage.

Planet Rock d'Afrika Bambaataa & the Soulsonic Force (17 avril 1982) réalisa à lui seul le fantasme postpunk de rejet de l'Amérique blanche en alliant parfaitement musique noire et nouveaux sons européens. Une vision utopique d'un groove au delà de la race, de la classe, des conditions sociales, géographiques et culturelles.


Dès lors, l'electrofunk prit part à l'engouement de l'époque pour les sons futuristes des clubs post-disco et de la synth pop, et s'entoura d'un aura de science-fiction.


Au changement de décennie, un important échange culturel se mit en place entre les b-boys du South Bronx et la bohème new wave du Downtown Manhattan. Lors de cette période brève, de nombreux murs de séparation entre les genres tombèrent, et les musiques devinrent familières pour leurs deux publics.

A leur début, les artistes hip hop rencontrèrent davantage de soutien auprès de leurs contemporains blancs que de leurs aînés noirs. Et nombreux musiciens pop, de part et d'autres de l'Atlantique, s'essayèrent à l'exercice.

Quelques exemples :
- Influence mutuelle et admiration exposée au grand jour par Blondie dans The Rapture (12 janvier 1981)
 
- Entrisme par Malcolm McClaren en équipe avec le World Famous Supreme Team (1982).
- Sollicitation de savoir faire en production, comme New Order et son Confusion (août 1983) enregistré avec Arthur Baker.
 
- Amalgame de formules de studio, édition de bandes et beats synthétiques par Art of Noise, considéré comme un groupe d'avant-garde en Europe et un groupe de dance à NYC (décembre 1983).

Retours d'ascenseur :
- The Clash traînant avec Futura 2000, ils se retrouvèrent en featuring (1983).
- Des pionniers comme Cold Crush Brothers sortirent des morceaux hommage (1983).
- Afrika Bambaataa invita John Lydon pour Time Zone (décembre 1984).

Pour finir une interview avec Fab 5 Freddy, enregistrée en de 2005, sur la fusion des cultures :


Sources / pour approfondir

Lynden Barber; State of the Art (1984)
Jeff Chang, Can’t Stop Won’t Stop (2005)