18/09/2016

Hey Hey, My My

Hymne rock de Neil Young sorti sur l'album live Rust Never Sleeps (juillet 1979), faisant le pont entre la contre-culture post-hippie et la nouvelle vague.

Cette chanson évoquant la mort d'Elvis Presley, l'extinction de Johnny Rotten et l'entropie du rock'n'roll en général, y est présentée sous deux interprétations antagonistes, censées refléter l'écartèlement du Loner, et son propre déphasage par rapport à la musique de cette fin de décennie :
- My My, Hey Hey (Out of the Blue) une ballade acoustique et placide, dont l'accompagnement minimaliste semble faire le deuil du rock.
- Hey Hey, My My (Into the Black) un hymne électrique et saturé, offert aux générations grunge futures

En 1977, captivé par le punk et la new wave, Neil Young s'était rapproché de Devo à qui il proposa une participation à son film Human Highway. Un jam sur une de ses nouvelles chansons fut enregistrée, ce qui donna une première version du titre, futuriste et anguleuse.


En contraste net avec ses pairs vieillissant qui se sont généralement sentis rejetés ou menacés par le punk, Neil Young y vit, une régénération du rock’n'roll, le retour d'une pratique qui ne peut être répétée ou s’inscrire dans la durée sans évoluer sous peine de disparaître.

Dans une interview pour Rolling Stones (1979) :
«  Kids were tired of the rock stars and the limousines and the abusing of stage privileges as stars.There was new music the kids were listening to. As soon as I heard my contemporaries saying, 'God, what the fuck is this . . . This is going to be over in three months,' I knew it was a sure sign right there that they're going to bite it if they don't watch out. And a lot of them are biting it this year. People are not going to come back to see the same thing over and over again. It's got to change. It's the snake that eats itself. Punk music, New Wave. You call it what you want. It's rock & roll to me, it's still the basis of what's going on. »
Témoin de sa résistance à la nostalgie, la chanson traite du choix entre produire toujours la même musique jusqu'à la corrosion, et risquer une rupture radicale, comme le fit John Lydon qui abandonna son alter ego Johnny Rotten. Désincarné, le personnage bascula dans la mémoire collective, parmi les mythes du rock et les slogans comme « rock’n’roll can never die » ou encore « rock'n'roll is here to stay » de Danny & The Juniors (1958)


Le fameux « it's better to burn out than to fade away » se retrouva, entre autre, dans la bouche du Kurgan et la note laissée par Kurt Cobain.

Fun fact : la formule titre « rust never sleeps » suggérée par Mark Mothersbaugh, provient du slogan d'un marque de peinture protectrice.



Sources :

Greil Marcus, Neil Young Invents Folk-Rock (août 1979)
Alexandre François, My My, Hey Hey (février 2014)